Elnest et la pierre

C'était un soir de printemps. Elnest errait dans la forêt, comme à son habitude, en train de chasser, son arc à la main. Il n'avait jamais eu de chez lui, et avait toujours préféré dormir à la belle étoile ou demander l'hospitalité. Sa vie était dans la nature. Il était grand, robuste quoique pas très bon au combat. Il était en revanche un archer hors pair, un des meilleurs de toute la région. Il était d'ailleurs à la poursuite d'un sanglier dont il avait repéré les traces dans un sentier encore boueux de la dernière pluie.
Il suivait donc ses traces et au bout de quelques minutes aperçut le sanglier, en train de boire dans une flaque d'eau marron. Il prit silencieusement une flèche dans son carquois, l'encocha, banda son arc...mais soudain, son œil fut attiré par un pierre sur le sol, à côté du sanglier. Elle se mit soudain à rayonner : Elnest en lâcha la corde de son arc et la flèche alla se loger dans le tronc d'un arbre. Le sanglier prit la fuite, laissant le jeune chasseur toujours ébahi devant la pierre. Elle avait cessé de produire de la lumière et paraissait maintenant anodine entre toutes les autres. Elnest la ramassa et l'examina : rien de particulier en apparence. Il décida quand même de la mettre dans sa poche et se remit à la recherche du sanglier, après avoir retiré la flèche qu'il avait envoyé dans le tronc d'un arbre.

Elnest n'ayant pas retrouvé la trace du sanglier, il décida de s'abriter pour dormir sans avoir mangé. Il trouva un endroit tranquille en bordure de la forêt. Le soleil venait de se coucher et des petites lucioles parcouraient déjà les airs. Le jeune homme allait s'endormir, quand soudain, sa cuisse le brula : la pierre était en train de chauffer. Il la sortit au plus vite de sa poche et la jeta un mètre plus loin : elle était à présent d'un rouge vif si bien qu'on aurait cru qu'elle allait entrer en fusion.

Petit à petit, elle se refroidit et le jeune garçon la reprit dans sa main, elle était extrêmement lourde. A sa contact, il se sentit soudain prit d'un grand malaise : comme si quelque chose lui nouait l'estomac. Il décida que le lendemain matin, il marcherait jusqu'au fleuve et il la jetterait dedans pour ne plus jamais la voir.

Il dormit mal cette nuit là. Il était très préoccupé : pourquoi la pierre devenait rouge ? Pourquoi chauffait-elle ? Pourquoi se sentait-il si mal à son contact...il n'en savait rien. Mais ce qu'il savait, c'était qu'il allait faire disparaître cette objet qui dans sa tête était un objet de magie noire...
Le lendemain matin, il se leva tôt et marcha d'un pas décidé jusqu'au fleuve. Arrivé sur le rivage, il sortit délicatement la pierre de sa poche, la contemplant une dernière fois. Il était à la fois repoussé et attiré par ce petit caillou insignifiant.
Il se résolut au bout de quelques minutes à tendre la main : il lâcha la pierre.

Cette dernière tomba à l'eau au moment où Elnest entendit quelqu'un crier :
- NON!
Ils se retourna et vit un vieux monsieur habillé d'une toge passée en train de courir vers lui.
- Rattrapez la pierre! Rattrapez-la!
Sans réfléchir, le jeune homme se débarrassa de son sac à dos et de son arc et se jeta à l'eau. Heureusement pour lui, le fleuve était très bas et peu tumultueux. Il ne savait même pas s'il aurait dû continuer à nager : la pierre devait se trouver au fond de l'eau, et il ne la retrouverait sûrement jamais. Mais il la sentit. C'était comme si elle l'attirait. Il s'immergea sous l'eau et nagea tout près du fond. Quelques secondes plus tard, il tendit la main et attrapa la pierre.

Après être remonté à la surface et avoir essayé d'essorer un peu ses habits, il chercha la vieil homme des yeux : il n'était plus là. La pierre était par terre. Il ne s'en approcha pas. Un bruit de pas. Il plongea sur le côté et sortit un poignard caché dans une de ses bottes.
- Ah, ah! Jeune homme, je ne vous veux pas de mal : je suis un vieillard! rigola la personne lui aillant dit précédemment de rattraper la pierre.

Elnest se calma et rangea son arme.

-Ecoute bien, murmura le vieillard, cette pierre a réagi à ta présence. Cela signifie que tu peux maîtriser les pouvoirs qu'elle renferme. Toutefois, le chemin est long pour parvenir à cette maîtrise... Je pourrais t'apprendre si tu le veux, mais il faut me promettre une chose avant tout.
-Quoi donc? demanda Elnest.
-les pouvoirs de cette pierre sont maléfiques, mais peuvent très bien être utilisés à des fins justes et sages. C'est pourquoi l'utilisation de ces pouvoirs doit servir le bien et non le mal. Le promets-tu?
-Je ne vais rien promettre du tout, s'écria Elnest. La nature et ses bienfaits me suffisent. Nul besoin de se charger d'un fardeau non seulement inutile, mais qui de plus me rapprochera des autres humains. Plus ils sont éloignés, mieux je me porte.

Après avoir enchâiné ces mots d'un seul coup, presque sous le coup de la colère, Elnest reprit ses affaires et chercha un coin ensoleillé pour se sécher. Il voulait aussi réfléchir. Cette pierre...elle l'intrigue plus que tout.

Elnest, qui regretta d'avoir parler de la sorte au vieillard, se releva et alla près de lui. Il était curieux à propos de cerre pierre, même s'il était toujours sous le coup de la colère.
-Quels pouvoirs pourraient me procurer cette pierre ? demanda-t-il.
-Alors, tu es quand même interessé...Et bien, pour répondre à ta question, cette pierre pourrait te donner des pouvoirs de guérison. Mais elle pourrait aussi s'emparer de ton âme...

- De mon âme ? Que voulez-vous dire ?
- Elle pourrait devenir maîtresse de toi, et te forcer à réaliser des actes que tu regretterais...
- Mais alors, elle est vivante ?
- Pas réellement. Elle le deviendra si tu ne l'utilise pas pour faire le bien.
- Ne m'avez pas dis qu'elle me permettrai de guérir ? Comment faire le mal avec la guérison ? s'étonna Elnest.

-Et bien, si ton âme est pure, tu résistera au coté mauvais de la pierre et tu accompliras de grandes choses, comme soigner. Mais si tu te laisse entraîner par le mauvais coté de la pierre...
-Comment pourrai-je résister à ce "mauvais coté" ? coupa Elnest.
-Et bien tu le fera sans trop de difficulté si tu es brave. La pierre lira dans ton âme que tu es un homme bien et , n'essaiera surement pas de te posséder, répondit le vieil homme.

- Comment m'en servir ?
- Je pense qu'il est préférable que je te laisse le découvrir.

Elnest regarda à nouveau la pierre, posée sur le sol.

- Je ne...

Le vieillard avait disparu.

Elnest, confus et toujours aussi intrigué, jugea bon de s'en aller pour aller réfléchir plus loin dans la forêt. Il pris la pierre, et s'en alla dans le coeur de la forêt réfléchir sur une branche d'arbre tout en caressant la pierre magique.

Il resta plusieurs heures à cette place, ne sachant que faire.
Soudain, au loin, il entendit des bruits de sabots. Sûrement un sanglier. Il descendit de l'arbre, rangea la pierre dans sa poche et se muni de son arc, épiant les moindres changements dans l'allure des pas qui arrivaient.

Mais les bruits de sabots se révélaient être le bruit des sabots d'un alezan gris, monté par un homme en armure, une lance de la main droite. Il avait des cheveux mi-longs noirs, une tête cadavérique avec deux petits yeux, une cicatrice sur la joue gauche. Il n'était autre que le grand Olur Frandik, chef de la garnison du Roi. Il était accompagné de 2 chevaliers qui étaient en arrière. Elnest de fit pas de bruit, de peur d'attirer l'attention, mais une branche à coté de lui craqua sous le poid de son coude ( n'oublions pas que Elnest est caché dans l'arbre ). Le caporal qui suivait Frandik, se retourna vers Elnest, et lui parla sur ce ton :
-Qui êtes vous ?! pourquoi êtes vous caché dans cet arbre ?

Elnest, confus et en colère contre-lui même pour s'être fait répérer descendit lentement de la branche où il était assis à califourchon. Il observa Olur Frandik puis dévisagea les deux cavaliers qui étaient restés en retrait dans l'ombre de leur supérieur. Il ne voulais pas s'attarder à parler car il avait hâte de renter chez lui après ses mésaventures avec l'étrange pierre. Mais d'un autre côté, il connaissait bien la réputation de Olur Frandik et ne voulais pas se risquer à le mettre de mauvaise humeur. Il décida pour finir de laisser le capitaine de la garnison agir...

-Et bien ! répondez ! ordonna Frandik
-J'étais en haut de cet arbre pour m'inspirer, car je suis un poète, mentit Elnest.
-Poète hein...répéta le lieutenant.
-Oui poète.
-Bon, ça va on y va, nous n'avons pas de temps à perdre avec des pacotilles de la sorte, en route ! ordonna le capitaine. Et vous, dit-il à l'adresse de Elnest, tachez de ne plus montez aux arbres pour essayer d'effrayer les chevaliers royaux, si nous avions du temps à accorder aux coquins de votre genre, les prisons manqueraient, croyez moi !
Les 3 cavaliers se mettèrent en route vers le sud.

C'est à ce moment précis que la pierre se remit à chauffer dans la poche d'Elnest. Elnest, ne voulant pas attirer l'attention des cavaliers, fit tout pour rester en place sans laisser paraître quoi que ce soit. Mais la pierre finit par lui brûler le haut de la cuisse et il ne put la laisser dans sa poche un instant de plus. Il sortit la pierre pour la laisser tomber tant elle était brûlante. Un des gardes se retourna pour voir ce qui avait provoqué le bruit sourd qu'il avait entendu et qui n'était en fait rien d'autre que la pierre tombant sur le sol... Il appela son chef qui se retourna à son tour et aperçu lui aussi la pierre en poussant un petit cri de surpise ... Décidément, la malchance jouait d'Elnest !

"Pourquoi s'est-elle mis à chauffer au moment où les soldats partaient ? pourquoi ne s'est-elle pas mis à chauffer un moment après ?" se demanda Elnest.
-Pourrait-on savoir ce que c'est, demanda le soldat à Elnest sans oser s'approcher de l'étranger pierre.
-Et bien...je suis aussi surpris que vous, déclara Elnest.
-Pas clair tous ça ! déclara le capitaine. Embarque le moi et prends la pierre également ! dit-il a l'adresse d'un soldat. Toi ! dit-il à l'adresse de l'autre, va prévenir le seigneur du sud que nous arriverons en retard. Ainsi, un des soldats le pris par le bras et le tordis, toute en lui mettant des menottes. Mais Elnest ne comptait pas se laisser faire...

Il voulut tenter de se dégager de la poigne du soldat qui lui tordait le bras, mais le soldat sentant une certaine résistance de la part d'Elnest lui asséna un violent coup du pommeau de son épée dans la nuque. Elnest glissa lentement dans les bras de Morphée ...

Le jeune garçon ouvrit doucement les yeux. La première chose qu'il vu fut le noir. Mais avant de pouvoir analyser l'endroit où il se trouvait, une douleur le lança très fortement à l'arrière du crâne. Il eut juste le temps d'aperçevoir quelqu'un ouvrir une porte sur sa gauche, tenant quelque chose qui avait la forme d'une cruche dans sa main droite. La douleur fut si forte qu'il en retomba dans les pommes...

Il se réveilla un temps qui lui être plusieurs heures plus tard...
- Où suis-je ? prononça-t-il inutilement : il était seul.
La pièce était toujours aussi sombre qu'auparavant. Il était encore habillé de sa toge et de son bas en toile grise, mais il n'avait plus d'arc, ni son sac...ni la pierre !
Affolé, il commença à tâtonner sur le sol pour la retrouver : en vain. Des bruits de pas accompagnés de voix sourdes retentirent alors, et ils approchaient.

Un garde approchait de la porte de fer de la cellule. Il passa devant la cellule de Elnest en marchant bizarrement, il faisait la ronde pour surveiller tous les captifs.
Elnest qui voulait s'échapper et retrouver ses affaires appela le garde, pour l'assomer et lui prendre sa clé ( du moins essayer, Elnest était très courageux).
-Geôlier !
Le garde se retourna vers Elnest, il avait l'air d'avoir bu beaucoup.
-Qqquu...oi, dit-il difficilement en s'aprochant.
Elnest, surpris de la réaction du garde, et qui avait remarqué qu'il était saoul, lui dit en profitant de cet avantage :
-Savez vous quand j'ai été amené ici ?
-Vvvous ? vouii, hierrr.
-Où sont mes affaires ? demanda Elnest qui s'aperçu maintenant que le garde ne tenait presque plus debout.
-Dans la saaallee , hic ! du fond.
-Et la clé de ma cellule ?
-Dans ma poche , hoc ! répondit le garde.
-Donnez la moi ! ordonna Elnest qui profitait de son immense chance.
-Euuhhh, hic ! très bien..., le garde lui donna la clé à travers les barres de fer de la cellule. Elnest l'assoma grâce à une pierre qu'il trouva dans sa cellule. "ce n'est pas le meilleur moyen de le remercier" pensa-t-il. Ainsi, ne croyant toujours pas à son immense chance, Elnest ouvrit sa cellule.


[Message : Ici, j'ai voulu montrer que la pierre donnait à Elnest une chance incroyable, je ne sais pas si c'est une bonne idée pour un 1er pouvoir. Merci à GameMaster de supprimer ce passage quand tout le monde l'aura lu !]
Edit de Game master : Je le laisse au cas où si tu veux, cela peut être une bonne idée que la pierre apporte plus de pouvoirs différents que celui de la guérison.